Tintin et ses héritiers

Le monde de la tintinophilie a un grand sujet récurrent : la reprise des aventures de Tintin. Aujourd’hui le débat perdure mais avec moins d’intensité. Il ne se réduit pas (comme certains le laissent entendre) à un schéma simpliste avec d’un côté des ayants droit qui s’opposent à toute forme de "retour" et de l’autre côté des lecteurs de BD scandalisés par leur manière de gérer l’univers de Tintin.  La réalité est bien plus contrastée que cette dichotomie caricaturale. Il y a eu une grande déception (et elle perdure) chez une bonne partie des tintinophiles lorsque Fanny Rémi a annoncé qu’elle ferait respecter les volontés de son mari : personne ne reprendra les aventures de Tintin. Sa tâche consistera donc à entretenir cet important patrimoine culturel qui semble affectivement appartenir un peu à tout le monde. Oui mais cette impression d’universalité de la propriété n’agit que dans le registre sentimental. Tintin est peut-être pour beaucoup encore ( ?) inscrit dans nos mémoires de manière indélébile (pour le meilleur et le pire), cela ne pèse pas grand-chose au niveau du droit. Seuls les ayants droit peuvent décider (tant que la loi leur permet) de l’avenir de Tintin. Certes il y a cette fameuse limite des 70 ans qui fera tomber l’œuvre d’Hergé dans le domaine public, mais même à ce moment là il faudra tenir aussi tenir compte du droit moral qui est inaliénable ! Tout ne sera pas permis… mais en tout cas les aventures pourront peut-être reprendre.
Actuellement si beaucoup de Tintinophiles comprennent ou partagent cette idée de ne pas reprendre les aventures de Tintin (du moins telles qu’Hergé les concevait), en revanche la manière de gérer l’univers d’Hergé à fait couler beaucoup d’encre. Et les attaques n’ont pas été toujours été tendres.  Ceux qui étaient chargés de gérer ce prestigieux patrimoine, et Fanny l’avoue elle-même, n’ont pas été très pertinents et cohérents pendant de nombreuses années en faisant commercialement un peu n’importe quoi avec l’image de Tintin. Parallèlement ceux qui tentaient de reprendre les aventures de Tintin de manière parodique étaient parfois mis maladroitement au même niveau que les vrais pirates (qui eux sont un réel problème). Bref, tout était réuni pour que naissent et s’installent durablement des tensions dans l’univers de la tintinophilie.
La presse et les éditeurs sortent parfois des articles assez sévères sur le sujet comme « Tintin et les Héritiers » d’Hugues Dayes (Kiron-Editions du Félin – 2000). Mais il faut relativiser, la politique commerciale et culturelle de Moulinsart n’est pas une préoccupation majeur des tintinophiles et encore moins des amateurs de BD.
En tout cas, pour certains parodieurs, pirates, analystes littéraires, historiens, critiques de BD, etc… il y a une mine d’arguments  pour s’attaquer à la citadelle Moulinsart ! Même au sein de la « sage » association des Amis d’Hergé, des toussotements se font parfois entendre.
Pour ce qui nous concerne (piratage et parodie), les auteurs n’ont pas été franchement aussi anti-Moulinsart qu’on pourrait le croire. La seule et unique parodie qui s’appuie sur ce comportement est « La machination des Héritiers ». Pamphlet qui reprend tous les arguments forts (parfois caricaturaux) habituellement émis contre Moulinsart. En général les auteurs glissent plutôt quelques piques plus ou moins sévères sur  les ayants droit à travers quelques vignettes. Dans un dessin d'humour bien connu des tintinophiles, Exem s'est exprimé avec beaucoup d'Ironie sur la Fondation Hergé.
Un récit est construit complètement autour des héritiers sans pour autant prendre un point vue contestataire : « Le grand secret ». L’intrigue concerne le vol de récits inédits au siège de la Fondation « Airgé » (maison secrète dirigée de manière obscure).
Les récits font parfois référence à la non-reprise des aventures de Tintin. Dans «Tintin revient !» cela prend la dimension d’une lettre ouverte !
Les attaques violentes qui relèvent de la diffamation sont assez rares. Elles se sont manifestées principalement sur internet pendant plusieurs mois jusqu’au jour où Moulinsart est intervenu pour exiger la fermeture des sites. Les interventions pour retirer les pages sont parfois rapides comme celle parodiant le journal « La Dépêche »   publiée quelques jours en 2001 mais datée du 4 mars 2053 !! Le journal précise qu'il est édité à Bruxelles capitale de la ... république belge ! Cette parodie annonçant le passage au domaine public de l'oeuvre d'Hergé fut subitement retirée et il ne reste plus qu’une capture d’écran de cet éphémère pamphlet qui n'a pas du tout fait rire Moulinsart ! Surtout que l'auteur proposait en plus le téléchargement l'Alph-art de Rodier ! Le retrait était inévitable. Pourtant c’était bien drôle et inoffensif. Le contenu était bien éloigné des inadmissibles vulgarités que n’hésitent à prendre quelques parodieurs anonymes qui n'aident pas ainsi les défenseurs de la parodie qui réclament avant tout un climat de pur plaisir et d'hommages désintéressés.. mais pourquoi pas corrosif !.


Exem dans les année 90 s'amuse avec les « intransigeances » de la Fondation Hergé


Le livre de Dayes qui donne une vision sur les héritiers d'Hergé


"Le grand secret" nous plonge dans les coulisses de la Fondation "Airgé"


La parodie du scandale...
parue quelques jours en 2001

 


La machination des héritiers
Le grand secret
Tintin revient !
La Dépêche