Tintin star à Sumatra et sur Ebay !

Tintin et le Pustaha est une parodie étonnante à tous les niveaux.
Commercialement tout d’abord on peut être surpris de voir un si gros tirage diffusé en 2005 si facilement au grand jour principalement sur internet (Ebay) mais aussi dans des librairies spécialisées en BD. L’auteur Jean Pierre Verheggen alias Van Leffe (ce sont les noms qui apparaissent dans l’ouvrage) n’hésitent pas d’ailleurs de lancer quelques piques humoristiques (voir plus bas) aux héritiers…  L’auteur annonce 500 exemplaires ! Impossible à vérifier, mais devant une si remarquable qualité d’impression (vraiment professionnelle, album noir et blanc broché de 56 pages) on est en droit de se demander si le nombre d’albums imprimées n’est pas bien plus important. Les petits malins qui avaient réimprimé le Tintin en Thaïlande en plusieurs milliers d’exemplaires ont ramassé ainsi une petite fortune. Pour Tintin et le Pustaha on peut imaginer la même démarche. Le récit a été imprimé en Indonésie, autrement dit le coût de fabrication n’a pas dû être très élevé. Les diffuseurs semblent avoir été d’une grande efficacité. Tous les amateurs de parodies de Tintin ont leur exemplaire. Phénomène révélateur d’un fort tirage, l’absence de pirate de pirate sur le marché. Autrement dit le petit commerce a bien fonctionné ! Avec un prix de vente moyen à 30€, les calculs sur les recettes minimales sont faciles à faire. On est loin des « diffusions hommages » petits artisans de la parodie.

Quant à l’histoire, on reste un peu sur notre faim. Rien de neuf ni d’original en dehors du fait qu’il s’agit d’une édition bilingue (une version démarre avec chaque couverture du livre) : Français / Batak. Chaque récit fait 25 pages. Au total l’album compte 56 pages.
L’histoire commence comme dans l’
Oreille Cassée. Ce n’est pas le fétiche Arumbaya qui disparaît mais le Pustaha. Les Dupond vont chercher Tintin qui va retrouver Haddock. Nos compères partent pour Port Said retrouver Oliveira et quelques indices, puis arriveront à Sumatra. Dans la jungle ils retrouveront Tournesol devenu sorcier Batak et plus loin dans l’histoire ils délivreront Tchang, etc… etc,… de nombreux personnages d’Hergé font leur apparition. Bref, une histoire sans grand relief comportant des rebondissements confus à mettre en relation avec des épisodes des récits d’Hergé.


Seul texte donnant des explications sur cette édition pirate. Mais la société Moulinsart risque de sortir le bazooka !


... pour voir
la page 10

Le parti pris de l’auteur est assez banal  : détourner les images des vrais récits de Tintin pour construire une nouvelle histoire en insérant de temps en temps des images d’autres auteurs de BD. Il s’agit là encore de procédés très classiques mais qui n’ont pas ici de relation directe avec le récit. Le graphisme est original mais le rendu est très mal maîtrisé dans la plupart des vignettes. On frôle l’illisible dans certaines pages. Comme l’histoire n'est pas vraiment originale, beaucoup achèvent le récit par une lecture en diagonale… et finalement ne comprennent pas grand-chose. Cela tient aussi à scénario bien mal écrit ( a-t-il existé ?).

Les ellipses sont nombreuses et les événements importants du récit sont positionnés de manière approximative. La fin est à ce niveau un cauchemar !
Certes l’auteur n’a pas fait du copié collé des vignettes d’Hergé et a fait l’effort de les redessiner (il aurait peut-être dû le faire…). Certes on a la pause culturelle à la manière d’Hergé dans le Sceptre d’Ottokar, qui nous présente la culture «Pangulubalang» des Batak de Sumatra. Mais bon…

 

 



Côté version française

 

Côté version Batak