Tintin + Moi = la tête à Toto !

Les aventures de Tintin et Moi,  et les deux suites  Tintin au Bongo et On a marché sur l'allume cigare, sont réalisées par un graphiste qui se nomme Rémi Lucas. Réalisées en 2000 et 2001, ces merveilleuses BD n'auront vraisemblablement pas de suite ! Puisque l'auteur juge insupportable le pillage de son oeuvre par les recycleurs des ventes aux enchères.... et les pirates qui diffusent gratuitement son oeuvre sur internet. Ces récits étaient vendus seulement 4€ l'unité ! 

Les histoires de ces BD sont assez singulières. Le titre du premier récit exprime clairement la familiarité de l'auteur avec Tintin
Il suggère aussi dès le début du premier épisode une filiation avec Hergé par un petit jeu de "signatures barrées" sous le titre (voir ci dessous) !   il y a aussi un autre grand symbole graphique de l'enfance qui revient  dans ces récits: (la tête à) "Toto".

Tintin est amnésique... Il ne se souvient plus de toutes ses aventures. Ainsi comme c'est souvent le cas dans les parodies, l'auteur intègre son récit dans la chronologie des aventures de Tintin par Hergé. Ici nous sommes après la mort d'Hergé. Tous les voyages des héros sont donc stoppés ! La mort du maître a provoqué l'amnésie du héros. Haddock se nomme Archie et a tenté de cacher à Tintin ce prestigieux passé de peur de raviver une vieille douleur (la mort d'Hergé). 
Chose impossible ! Comment éviter de tomber un jour au l'autre sur un album de Tintin ! Rémi et Toto, qui n'avaient apparemment jamais entendu parler des aventures d'Hergé (!!),  révéleront ainsi à Tintin son véritable passé....
L'histoire se prolonge avec une disparition mystérieuse de Tintin... C'est toute l'intrigue du deuxième épisode Tintin au Bongo !

Le dernier épisode, On a marché sur l'allume cigare, a une construction narrative originale. Là encore des espaces temps se combinent avec originalité.
Remi Lucas imbrique le livre et sa fabrication dans le récit . Tintin découvre tout comme le lecteur sa propre existence. Le dessinateur va jusqu'à introduire avec maîtrise un impossible temps "0", un présent absolu. Par un cadrage comparable à une "caméra subjective" son propre regard, fixant le dessin qui se réalise, se confond avec celui du lecteur. Les temps se confondent. Le lecteur endosse sans trop s'en rendre compte au début dans la peau du narrateur.
Une belle réussite qui n'aura pas de suite.
Les "revendeurs" et "les pirates du net" ont trouvé un joli filon avec les BD de Remi Lucas. Ses récits se revendent bien dans son dos ou sont diffusés. intégralement sans son autorisation. Il m'a confié sans détour son désarroi " Tout ceci me débecte et c'est pour cela que le numéro 3 des aventures de Tintin et moi est le dernier de la série. Je n'en ferai plus !"
D'ailleurs le thème du piratage est présent dans cet ultime épisode. L'auteur s'est représenté dans une relation délicate avec un "spéculateur-recycleur" qui tente de lui acheter une centaine de "Tintin au Bongo" pour arrondir ses fins de mois.

Chaque épisode comporte 20 pages (14 cm x 19 cm). Couvertures cartonnées et joli  papier ... Les dessins sont agréables, surtout dans les épisodes deux et trois où l'on retrouve une plus grande profondeur grâce aux nombreuses variations graphiques

 

 


Tintin sera même enlevé par ce collectionneur ! Tintin "l'original" devient la plus prestigieuse pièce de sa collection.
Tout un symbole pour l'auteur

Remi Lucas : "Je pense que le numéro 3 est un bon cru et fonctionne à merveille avec les deux autres. Mais le premier je l'ai dessiné en 3 jours, le deuxième dans un intervalle de trois mois et le troisième a mis plus de six mois à voir le jour entre le moment où je l'ai mis en chantier et le jour où je l'ai terminé. Je dessinais directement au stylo noir sans crayonné et improvisais mon histoire au fur et à mesure".


 
 
 


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Recyclages fréquents...